Le livre blanc sur la valorisation de la recherche publique rappelle que la vocation première de ce métier est d’être au service de la société. L’implication des citoyens pourrait booster tout un pan de la recherche participative et la valorisation pourrait tout à fait interagir avec les citoyens et leur permettre d’être acteurs dans la définition des usages de demain. Cela permettrait d’alimenter la créativité des entreprises en matière de produits et services.
Les Living labs pourraient être un très bon outil de connexion et de concrétisation, c’est pourquoi on vous en parle par ici.
C’est quoi un Living Lab ?
Un Living Lab est une démarche de cocréation participative, incluant les usagers dans le processus de recherche en innovation, créant ainsi un écosystème de partenariat entre les différents acteurs de l’innovation à savoir : public, privé et citoyen. Le terme « usager » fait référence aux consommateurs, citoyens, fournisseurs, employés, communautés d’intérêts, partenaires privés, visés par le produit ou service développé.
Un peu d’histoire
Cette méthode a émergé à la fin des années 90 au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T) puis est parvenue en Europe avec notamment, la création en 2006 du European Network of Living Labs (ENoLL) dirigé actuellement par Fernando Vilariño. L’ENoLL compte déjà plus de 460 Living Labs à travers le monde. En France, deux grands réseaux regroupent et certifient les Living Labs : Le forum des Living Labs en santé autonomie (LLSA) et le réseau France Living Labs (F2L).
L’approche Living Lab est une initiative née d’un besoin de soutien au processus de développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Selon une étude du Living Labs Roadmap Work Group (2021), 70 à 95% des investissements publics et privés en R&D sur les produits en TIC, ne réussissent pas à produire une valeur de marché. Une idée sur trois mille aurait atteint le stade commercial.
« En plaçant les usagers au même niveau que les autres parties prenantes, les Living Labs permettent de développer de nouveaux produits et services conformes à leurs besoins et désirs. De plus l’expérimentation conduite directement dans des contextes de vie réelle permet une appropriation plus efficace des innovations. »
Livre blanc des Living Labs – UMVELT, 2014
Les retombées et bénéfices
Bien qu’il existe peu d’études et de chiffres concernant les pratiques et la mise sur le marché des travaux des Living lab, on notera tout de même plusieurs retombées positives.
- Intégration de l’innovation technologique et sociale dans un même environnement d’expérimentation
- Meilleure évaluation du risque technologique
- Réduction du temps de R&D
- Diversification des marchés par la diversification des usages d’une même technologie
- Réduction du temps de commercialisation
- Accès privilégié aux communautés sur le terrain
- Appropriation par l’utilisateur final facilitée
- Faciliter l’accès aux différents marchés (agriculture, santé, tourisme…)
Et dans la pratique ?
On recense deux types d’activités, la première concerne directement les projets d’innovation et la seconde la structure du Living Lab qui soutient ces projets d’innovation. Le rôle des acteurs sera de savoir quelles sont les activités liées à chaque étape d’un projet, quels types d’usagers intégrer au processus, comment se déroule l’expérimentation, quels méthodes et outils employer … Quant aux investisseurs, eux chercheront plutôt à savoir comment gérer un Living Labs, quels modèles de financements et d’affaires, et bien sûr comment gérer la commercialisation de l’innovation et toutes les questions de propriété intellectuelle qui en découlent.
Par la suite, chaque projet se déroule en cinq grandes étapes à savoir :
Planification > Conception > Prototypage > Développement final > Déploiement.
Au sein de chacune de ces étapes, on dénombre quatre types d’activités où toutes les parties prenantes du Living Labs sont impliquées.
Cocréation & idéation, étude afin de repérer de nouveaux usages et opportunités de marché, expérimentation des usages dans des communautés d’utilisateurs en conditions réelles, validation du potentiel des produits et services en développement.
Les Facteurs Clés de Succès (FCS)
Les Living Labs sont des écosystèmes complexes qui touchent à divers sujets denses et techniques tels que des questions liées à la stratégie de gouvernance et de gestion de propriété intellectuelle. On comprend donc que pour mener à bien un projet d’innovation dans un Living Labs, les acteurs devront alors développer de bonnes compétences en gestion de projet afin de concilier les différents intérêts des partenaires tout en assurant une coordination des parties prenantes autour des intérêts communs, sans oublier de fédérer les communautés d’usagers et pérenniser les relations sur du long terme. Le tout sans négliger les aspects plus « concrets » tel que trouver le bon modèle d’affaires ainsi que les financements efficaces auprès des secteurs public et privé.
Quelques exemples de réussites
Le laboratoire de recherche USAGE travaille dans le domaine des troubles cognitifs comme la maladie d’Alzheimer. Dans le cadre de ces recherches, un des obstacles est l’identification des besoins de ces personnes. C’est à ce moment précis que l’existence des Living Labs est crucial puis que qu’ils permettent la mise en situation des personnes concernées directement avec les objets et prototypes expérimentaux.
http://www.lusage.org/
On notera aussi le cas Autonom’Lab dans le Limousin qui est une organisation indépendante financée par la Région du Limousin et l’Europe. Ce projet met en œuvre des acteurs hétéroclites comme des collectivités, organisations sanitaires, usagers finaux, pôles compétitivités, intervenants universitaires, entreprises. Pour que chaque projet soit un succès, il est impératif que chaque partie s’investisse et adhère à une même charte déontologique et éthique.
Alors le continuum recherche – valorisation – innovation vers les entreprises passe-t-il aussi par les Livings Labs dans un modèle où on connecte la recherche aux besoins des citoyens avec l’accompagnement des valorisateurs. A la lumière des informations délivrées dans cet article, c’est une question qui donne matière à réflexion.